Génération Bridget Jones ...

21 avril 2009

En 2000, les filles n'ont plus vu le célibat de la même façon ... Etait venue l'ère Bridget Jones, cette héroïne qui nous ressemble : active, indépendante, fêtarde, complexée, gaffeuse, fleur bleue et à mourir de rire ... Que j'ai tant aimé découvrir ... Et comme pas mal de nanas, dans laquelle je me suis reconnue (sur certains points seulement ...)

En découvrant Bridget, avec qui avons nous fait connaissance ?

Bridget vient de passer le cap de la trentaine, fume trop, boit beaucoup et est toujours avec les mêmes acolytes. Elle ne supporte pas, d'ailleurs, de rester seule chez elle. Lorsqu'elle y est contrainte, elle se vautre littéralement sur son canapé en pyjama, chante sur les tubes qu'elle a tant aimés, ceux qui disent l'amour fou et les hommes qui vous échappent, tout en interrogeant son répondeur toutes les 30 secondes au cas où elle n'aurait pas entendu son téléphone sonner (celle qui ose dire qu'elle ne l'a jamais fait sera bannie au pays des menteuses ^^)

Elle se pèse tous les jours et tient un compte extrêmement précis, et drôlissime, de ses apports caloriques. Se trouve la plupart du temps nulle et bonne à rien. S'ennuie au bureau. Pleure sur sa solitude. Et puis, parfois, décroche un rendez-vous galant. Branle-bas de combat, elle se prépare alors à séduire

Et croit, à chaque rencontre, que cette fois le grand amour frappe à sa porte ... Avant de déchanter ... Avec Bridget sont nées les "célibattantes" !

Oui, avec Bridget Jones, nous avons découvert les petits tracas et les angoisses d'une trentenaire en quête d'amour ...

Et si nous nous sommes tant reconnues en elle, c'est parce-que Bridget Jones est une jeune femme de la fin du XXe siècle : elle porte en elle tous les schémas, les doutes et les angoisses de cette génération. Avec une préoccupation première : se trouver un homme à la hauteur. Sauf que Bridget a une idée très précise de son homme "idéal" et qu'à force d'être exigeante, elle collectionne les déceptions. Il lui faudra beaucoup ajuster ses critères et accumuler les déconvenues avant de rencontrer "le bon numéro" (v'là que je parle comme à la loterie môa ^^).

Et vi, Bridget patauge dans la gadoue niveau affectif ... Syndrôme du prince charmant sans aucun doute, celui dont on nous rabâche les oreilles depuis notre tendre enfance (un bon résumé expliqué dans Pretty Woman : ce connard de prince charmant et cette salope de Cendrillon), cet empêcheur de ~~tourner~~ d'aimer en rond ... Syndrôme auquel nous pouvions rajouter le néo-prince charmant, celui que l'on se fabriquerait de toutes pièces pour qu'il occupe la place qui lui revient "dans le processus d'existence que nous nous sommes fixé" (Si, si, ce sont les sociologues qui le disent ... Alors !). Exit l'amour-destin, les Bridget Jones que nous sommes voudraient un homme taillé à leurs mesures. Le souci (très justement soulevé par un psychanalyste) c'est que "fantasmer sur l'homme idéal, c'est s'interdire d'avoir accès à des hommes moyens" (et c'est à cet instant précis que je vous demande, très solennellement les copines : jetez les histoires de princes/princesses à la poubelle, z'allez les traumatiser les n'enfants : les princesses n'existent plus, les princes nan plus et ils sont aussi paumés l'un que l'autre ^^).

Et c'est là que nous soulevons un souci majeur chez les trentenaires d'aujourd'hui : la médiocrité n'a plus de place dans la vie des femmes (ni des hommes d'ailleurs) déjà habituées à s'assumer, à gérer leur carrière et leur emploi du temps. Bridget est une femme d'un genre nouveau, née sur les décombres du féminisme, puis du modèle de la Superwoman des 80's. A force de lutter pour sa sacro sainte indépendance, la femme est centrée sur elle même et quasi incapable d'entrer dans l'univers d'un homme et de l'accueillir dans le sien. L'envie de liberté d'un côté et une sensation de vide de l'autre.

Avec des hommes tout aussi déboussolés en face ...

Bah ... Elle finit par le trouver son Mister Big (ah nan ! Celui là il est à Miss Bradshaw ... Nous verrons celà dans un autre post). On ne sait pas si elle parviendra à vivre à ses côtés (c'est ça le problème tant dans les films que dans les histoires de petites filles, on ne voit jamais comment ils parviennent à vivre à deux. Il ne s'agit donc pas de se caser pour entrer dans la norme et mettre un terme au questionnement ...).

Quoi qu'il en soit, merci Bridget pour ces bonnes crises de fou rires, ta grande culotte, la démocratisation du pyjama pilou pilou, et tes façons de parler :

- comme un répondeur : "Vous n'avez aucun nouveau message",

- comme une morale de conte : "tu finiras seule, morte de désespoir et bouffée par des chiens" ... (Tu t'en souviens soeur Bridget ? ;) ),

- sans pronom : "Lui ai dit ses quatre vérités avant de foncer dans taxi. Oublié culotte chez lui. Suis mal",

- comme une fille indigne : "Je n'assume plus ma génitrice comme partie intégrante d'un univers qui m'est familier",

- subjectivement : "Calories absorbées : 5 625 (mal),, mais calories absorbées par grand désespoir proche du suicide ou immolation par le feu : 5 625 (pas mal)",

- comme une répartie de western : "Sortir avec toi ? Je préfère encore bruncher avec Saddam Hussein",

- pour soi : "L'idéal, c'est l'homme qui vous aime telle que vous êtes"

Ouep, merci Bridget pour tout ça paskeu finalement les trucs salaces des sociologues et toutes les questions générées par ta condition de femme d'aujourd'hui, on ne les a pas vu tout de suite en lisant tes aventures ^^ (sinon, on aurait pas autant apprécié)